Solon rencontre en Egypte un vieux sage de Saïs vers -560. Et il est raisonnable de supposer que le vieux prêtre saïte qu'il consulta devait être un informateur de qualité, un homme ayant une connaissance lointaine des choses. Voilà ce que Solon rapporte à son retour, d'après le fameux Critias et Timée de Platon :
"A! Solon, Solon, vous autres Grecs...vous êtes tous jeunes d'esprit, répondit le prêtre ; car vous n'avez dans l'esprit aucune opinion ancienne fondée sur une vieille tradition et aucune science blanchie par le temps. Et en voici la raison. Il y a eu souvent et il y aura encore souvent des destructions d'hommes causées de diverses manières, les plus grandes par le feu et par l'eau, et d'autres moindres par mille autres choses. Par exemple, ce qu'on raconte aussi de Phaéton, fils du Soleil, qui, ayant un jour attelé le char de son père et ne pouvant le maintenir dans la voie paternelle, embrasa tout ce qui était sur la terre et périt lui-même frappé de la foudre, a, il est vrai, l'apparence d'une fable; mais la vérité qui s'y recèle, c'est que les corps qui circulent dans le ciel autour de la terre dévient de leur course et qu'une grande conflagration qui se produit à des intervalles détruit ce qui est sur la surface de la terre...Aussi tout ce qui s'est fait de beau, de grand ou de remarquable sous tout autre rapport, soit chez vous, soit ici, soit dans tout autre pays dont nous ayons entendu parler, tout cela se trouve ici consigné par écrit dans nos temples depuis un temps immémorial et s'est ainsi conservé. Chez vous, au contraire, et chez les autres peuples, à peine êtes-vous pourvus de l'écriture et de tout ce qui est nécessaire aux cités que de nouveau, après l'intervalle de temps ordinaire, des torrents d'eau du ciel fondent sur vous comme une maladie et ne laissent survivre de vous que les illettrés et les ignorants, en sorte que vous vous retrouvez au point de départ comme des jeunes, ne sachant rien de ce qui s'est passé dans les temps anciens, soit ici, soit chez vous...Tout d'abord vous ne vous souvenez que d'un seul déluge terrestre, alors qu'il y en a eu beaucoup auparavant ; ensuite vous ignorez que la plus belle et la meilleure race qu'on ait vue parmi les hommes a pris naissance dans votre pays, et que vous en descendez, toi et toute votre cité actuelle, grâce à un petit germe échappé au désastre. Vous l'ignorez, parce que les survivants, pendant beaucoup de générations, sont morts sans rien laisser par écrit. "
La tradition orphique raconte qu'un dieu nommé Phaéton devint fou et mit le feu à la terre. Homère associe ce Phaéton à l'un des travaux d'Héraclès et fournit un lien entourant la chute de Mycènes. Le mot Phaéton signifie "étoile filante" et était peut-être un des noms de Zeus, le chef du panthéon grec.
Selon le poète romain Ovide, qui vécut bien plus tard ( à l'époque du Christ ), Phaéton emprunta un jour le char du Soleil. Incapable de le conduire, il ne put empêcher les chevaux de filer sans but, heurtant les étoiles du ciel et emportant...le char sur des voies inexplorées. La terre s'embrase, en commençant par ses hauts sommets ; elle se fend en crevasses profondes et toute humidité s'assèche. Les prairies se changent en cendres blanches, les arbres se consument avec tout leur feuillage, et les grains mûrs deviennent l'aliment de leur propre destruction...Un vaste incendie dévore les cités et leurs murailles, et réduit en poudre des nations entières.
Il y a cent ans au cours de la nuit du 30 juin au 1er
juillet, un des événements cosmiques des plus extraordinaires de
l’histoire moderne s’est produit.
Les premiers rapports d’une étrange lueur dans le ciel
arrivèrent de partout en Europe. Peu après minuit le 1er juillet 1908,
les Londoniens furent intrigués par l’aspect rose phosphorescent du ciel
nocturne au-dessus de la capitale. Les gens qui étaient partis se
coucher, se réveillèrent déconcertés par l’étrange lueur rose qui
brillait dans leur chambre à coucher. La même luminescence vermeille fut
rapportée au-dessus de la Belgique. On constata curieusement que les
cieux au-dessus de l’Allemagne avaient pris une teinte vert brillant,
tandis qu’au-dessus de l’Écosse une blancheur incroyablement intense
incitait la vie sauvage à croire que c’était l’aube. Les chants
d’oiseaux commencèrent et les coqs chantèrent – à deux heures du matin.
Les cieux au-dessus de Moscou étaient si brillants qu’on prit des
photos des rues sans utiliser de flash au magnésium. Le capitaine d’un
navire sur la Volga a dit qu’il pouvait voir des vaisseaux sur la
rivière à trois kilomètres grâce à la lumière astrale mystérieuse. Une
partie de golf en Angleterre continua presque jusqu’à quatre heures du
matin sous la lueur nocturne, et la semaine suivante The Times of London
fut submergé de lettres de lecteurs provenant de tout le Royaume Uni
pour rapporter la curieuse ‘fausse aurore’. Une femme à Huntington
écrivit avoir été capable de lire un livre dans sa chambre à coucher
rien qu’à la lueur de cette singulière lumière rose. Durant des semaines
le courrier afflua faisant état de centaines de témoignages au sujet de
ces conditions lumineuses décrites comme identiques.…
À plus de 900 km au sud de l’explosion, un sismographe de la ville
d’Irkoutsk près du lac Baïkal, proche de la frontière de la Mongolie,
enregistra de fortes secousses sismiques.
Des rumeurs d’un événement extraordinaire persistèrent, retransmises par
des géologues et d’autres chercheurs travaillant dans la région. Ces
histoires attirèrent l’attention d’un chercheur de météorites, Leonard
Kulik. Mais ce ne fut pas avant 1927 qu’il put finalement conduire une
expédition sur le site de l’explosion de 1908.
Voici ce qu’il écrivit :
« Depuis notre point d’observation, aucun signe de forêt
ne peut être vu, car tout a été dévasté et brûlé, et autour du bord de
la zone morte, la jeune forêt de vingt ans a avancé furieusement,
cherchant le soleil et la vie. On a un sentiment étrange quand on voit
des arbres géants de 50 à 75 cm [de diamètre] abattus comme des
brindilles, et leurs cimes projetées à grande distance. »
©Inconnu
Conséquences de l’explosion de la Tunguska
L’énergie de l’explosion a été calculée à partir de l’étendue de la
forêt abattue et à partir des petites ondes de pression qui arrivèrent à
la vitesse du son et furent enregistrées sur des barographes dans le
monde entier, y compris des stations entre Cambridge, à 50 miles (80 km)
au nord de Londres, et Petersfield à 90 km au sud. De manière
intéressante, cela prit vingt ans aux météorologues d’Angleterre pour
faire le rapprochement entre leurs enregistrements et la dévastation de
la Tunguska. Les trains d’onde étaient différents de tous les autres qui
avaient été enregistrés jusqu’à cette époque, mais aujourd’hui nous
savons qu’ils ressemblent en tous points à ceux obtenus par une
explosion de bombe à hydrogène. Il semble que l’impact ait eu une
énergie de 30 à 40 mégatonnes, la force combinée de quelques douzaines
de bombes à hydrogène ordinaires.
L’explosion résulta en une énorme « colonne de feu » et la colonne
aveuglante fut visible à des centaines de kilomètres. Les séries de
coups de tonnerre qui suivirent purent être entendues à 800 km ou plus.
©Inconnu
Apparence possible de l’explosion de la Tunguska
Le bruit de l’explosion assourdit ceux qui se trouvaient relativement
proches. À la suite de quoi, un courant thermique torride partant du
feu dans le ciel fonça à travers les forêts. Les grands conifères furent
roussis et brûlés, et les incendies durèrent pendant des jours. Les
résidents de Vanavara, un petit comptoir à environ 65 km, ressentirent
l’effet féroce de la chaleur. Certains individus furent projetés en
l’air quand l’onde de choc arriva, des mottes d’herbe furent arrachées,
des plafonds s’effondrèrent, et des fenêtres furent secouées.
©Inconnu
Conséquences de l’explosion de la Tunguska
Il se trouve que la date de la chute, le 30 juin, correspond au
passage de la Terre à travers le maximum du flot des Beta Taurides. À
partir de cela et de sa trajectoire, il semble que l’objet de la
Tunguska ait fait partie du complexe des Taurides. Il est probable que
la Terre soit passée à travers un essaim à l’intérieur du flot.
Pour l'archéologue, le paléoastronome, le mythologue, l'historien et tant d'autres, il coule de source que le ciel nocturne présentait il y a 3000 ans le même visage qu'aujourd'hui. Rassurant. Image d'un univers stable et ordonné.
Pourtant, il y a mille ans, à peine, le ciel connut une effervescence de boules de feu venues de la constellation du Taureau, probablement accompagnées d'un impact qui, s'il avait frappé la terre et non la lune, aurait rendu inutile l'écriture de ces lignes. Il y a 3000 ou 4000 ans, le système des Taurides était sans nul doute plus important et plus actif.
A suivre...